De quelques romans parus en France avant la mobilisation générale de 1914
Avant d’honorer comme il se doit la mémoire de tous les soldats qui ont combattu de 1914 à 1918 sur une multitude de fronts à travers le monde, dans l’incompréhension totale de ce qui leur arrivait une fois la guerre commencée ; et avant de parcourir plus en détail les grands textes qui dressent un panthéon littéraire universel à la mémoire des combattants tués, vilainement blessés (gueules cassées, convalescences sauvages), heurtés, meurtris, hébétés, portant pour toujours, chevillé au corps et à l’âme, le récit immémorial de la sauvagerie des hommes, même sous un ciel placide, même sous un soleil brûlant… Intéressons-nous d’abord à quelques romans qui furent publiés en Occident quelques années avant l’apocalypse de 14. Cent ans plus tard, à leur lecture, peut-on trouver dans ces pages minérales, pleines de sève et formidablement agencées, la préfiguration de ce qui allait se jouer bientôt ? La destruction du vieux monde avant l’invention du vingtième siècle, celui de la mort définitive, inconsolable, de toutes les mythologies. Quand soudain les forêts brûlent, quand la pluie devient noire et empêche le deuil partagé, qui a la force nécessaire pour se révolter ?
Que nous disent ces livres aujourd’hui ? Continuent-ils de parler au cœur de chaque lecteur comme ils le firent en leur temps ? Que nous enseignent-ils ? Etaient-ils un fragile, un dérisoire rempart face au fanatisme patriotique des uns et des autres, face aux nationalismes exacerbés ?
Est-ce que le monde a tellement changé ?
Marcellien