Dans la première partie de l’article consacré à Pierre Bettencourt (artiste aux multiples talents) nous avons parcouru sa biographie (1917-2006). Maintenant attardons-nous davantage sur son parcours de peintre. Outre ses nombreux voyages, son amitié avec Jean Dubuffet a probablement inspiré Pierre Bettencourt dans ses réalisations plastiques. C’est à partir de 1953 qu’il réalise ses premiers hauts-reliefs qui deviennent alors sa marque de fabrique. Il assemble, en épaisseur, des matériaux composites : coquilles d’œufs, ardoise, pierres, café, pommes de pin…, inventaire hétéroclite mettant en scène des univers surréalistes. De nombreux tableaux lui sont inspirés par les papillons (une de ses passions d’enfance) qui deviennent « ses maîtres à peindre ».
Pierre Bettencourt exprime également ses émotions, ses angoisses, mais aussi son humour dans des créations où le fantastique côtoie le lubrique !
Voyons comment Jean-Paul Gavard-Perret (Docteur en littérature) analyse son œuvre :
L’art eut donc pour le créateur un caractère sacré dont il s’expliqua. On peut parler à son propos d’érotisme et de cruauté sans que cela ne prenne en son œuvre une figuration morbide ou artificielle. En ce sens, la vision de Bettencourt sera demeurée optimiste et les figures lubriques deviennent des divinités hétérogènes et complexes [...]. De fait par ce biais l’œuvre demeure marquée (malgré son apologie apparente) d’un mépris de la chair qui plonge non vers le puritanisme mais l’ascétisme sauvé (faute d’amour) par la distanciation de l’humour .
Pierre Bettencourt travaille son art dans son atelier de Bourgogne dans une quête où se mêlent paradoxalement force et détachement. Ses créations s’apparentent souvent à l’art brut.
À partir de cette époque les expositions s’enchainent ; notamment au Grand Palais à Paris en 1972. Certaines passent à la postérité grâce à Daniel Cordier (historien, compagnon et biographe de Jean Moulin), grand galeriste d’art et spécialiste d’art contemporain. Celui-ci a déposé la majeure partie de sa donation au musée des Abattoirs de Toulouse. C’est ainsi qu’en 2009, une exposition « Les désordres du Plaisir, Donation Daniel Cordier » a pu être présentée dans ce musée (conjointement avec le Musée national d’art moderne Centre Pompidou). On a pu y voir des œuvres de Pierre Bettencourt parmi celles de Dubuffet, Brassaï ou Rauschenberg.
Nous découvrirons dans un prochain article, une autre des facettes de Pierre Bettencourt : l’homme de lettres…